Une émotion est toujours le signe que quelque chose bouge en nous. Comme une étincelle qui serait le signe incontestable qu’un événement extérieur vient de faire écho au plus profond de nous-même. Une trace tangible de la confrontation entre le monde et le moi.
L’émotion est alors comme un langage crypté qui vient nous parler de nos besoins intimes et souvent inconscients. Elles nous sont très utiles si nous apprenons à les reconnaître et entendre leurs messages subliminaux.
La femme enceinte, bousculée pendant neuf mois par de nombreux événements extérieurs va être sujette à de nombreuses émotions, souvent contradictoires. Ces réactions physiques et psychologiques diverses seront autant de messages, traduisant ses besoins profonds. Si nous ne pouvons pas ici, résoudre ni éclairer chacune des émotions qui va vous toucher, nous pouvons tenter de vous aider à les repérer. Vous devrez alors essayer de comprendre en quoi elles sont utiles à vous et à votre bébé, qui ne l’oublions pas, reçoit également tous ces messages.
> Vos maux sont des mots
C’est au cours des 3 premiers mois que la future maman ressent le plus de sensations désagréables comme les fatigues, nausées, aigreurs, crampes, insomnies.
Cela peut conduire vers une petite déprime, car la future maman s’interroge inconsciemment sur sa capacité physique à devenir mère. Elle peut se sentir isolée, car c’est une période où peu de gens ont connaissance de sa grossesse et comme les changements corporels ne sont pas encore visibles, la femme n’a pas encore le statut de « future mère ». Elle peut alors ressentir une grande frustration car elle a un fort besoin de reconnaissance.
Durant le deuxième trimestre, ces maux disparaissent et libèrent l’esprit de la future maman qui se sent pleine d’énergie.
Elle prend confiance en elle et en son corps. Ses nouvelles perceptions (physiques, visuelles, auditives) la remplissent de joie, mais laissent place à de nouvelles angoisses. Est-ce que mon bébé va avoir des anomalies ou pathologies particulières ? Le besoin de sécurité quant à la normalité de son bébé pointe son nez que seul le médecin et l’échographie morphologique pourront satisfaire.
Durant les trois derniers mois, certaines femmes ont un sentiment de toute puissance sur leur corps. Elles sont reconnues par la société, se sentent sécurisées et attendent l’accouchement comme un aboutissement.
Cela répond à un besoin d’accomplissement. Pour d’autres femmes ce regard porté par la société sur leur grossesse peut être vécu comme intrusif car elles ont besoin d’intimité, de repli sur soi. Des peurs concernant l’accouchement (douleur, péridurale, absence du médecin, mauvaise position du bébé, peur de ne pas être à la hauteur…) font leur entrée. La future maman a besoin, à ce stade, d’avoir la confiance en sa capacité de gérer au mieux ce qui l’attend et de faire un beau bébé.
> Les émotions de la mère, les besoins du bébé
Pour gérer efficacement nos émotions, il est important de les comprendre. Pour ce faire, je dois prendre conscience du sentiment qui m’anime et du besoin qui en est l’origine. Je clarifie ainsi ce qui se passe en moi ce qui me permet de m’en libérer. Exprimer ses émotions, les accepter et les mettre devant soi permet de mieux se connaître mais aussi de les mettre à distance. En ne les exprimant pas on prend le risque d’endommager la relation à son enfant, mais également à soi. Beaucoup de mamans culpabilisent, car elles ne sont pas les mères qu’elles souhaiteraient être. Or, il suffit souvent que la maman exprime ses frustrations, ses peurs, ses colères pour qu’un changement s’opère et qu’elle se sente à nouveau en lien avec son enfant.
De plus, lorsque l’on est enceinte, exprimer ses émotions permet de se débarrasser des croyances que l’on peut avoir sur la grossesse ou des messages parentaux qui nous empêchent de vivre pleinement notre grossesse et d’avoir l’accouchement que l’on désire…
Si vous voulez approfondir votre réflexion sur le sujet, le psychanalyste Donald Winnicott (a qui nous devons la création du concept de doudou comme objet transitionnel) a abordé, dans l’ensemble de ses ouvrages, ce qu’il appelle « la préoccupation maternelle primaire ». Il explique notamment que le besoin de repli sur soi de la femme enceinte, répond en fait au besoin du bébé de ne faire qu’un avec sa mère. Selon Winnicott, chaque émotion de la mère fait sens pour le bébé.
Mais si la lecture de Winnicott vous semble fastidieuse alors, la future maman peut également écrire une lettre à son enfant à venir dans laquelle elle pourra lui parler de ses doutes, de ses peurs, mais également de ses joies. Cela lui permettra de renforcer le lien qu’elle a avec son bébé et également de l’aider à avoir un sentiment de sécurité quant à sa capacité à être une bonne mère. A chacune sa méthode.
> Egg ♥ lire
• La mère suffisamment bonne de Donald Woods Winnicott aux éditions Payot
• Mon bébé comprend tout du Dr. Aleta Solter
• Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) de Marshall Rosemberg
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